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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 03:37
 (Une courte analyse de 1 Rois 22) Quelle étrange histoire ! Le roi de Juda, Josaphat, visite son homologue le roi d’Israël, Achab. Trois ans se sont écoulés sans guerre entre la Syrie et Israël (v.1). Qui ne se réjouirait d’une telle paix, dans le contexte bouleversant dans lequel évolue le monde aujourd’hui, surtout au Moyen Orient ? Et pourtant à l’évidence, cette nouvelle situation déplait à Achab. Son caractère belliqueux n’y trouve pas son compte, et il lui faut une raison pour se livrer à son sport favori, la guerre. Il en a une bonne. Ramoth en Galaad est occupé par les Syriens. Une petite guerre de reconquête produira une activité légitime qui occupera l’esprit du peuple. Pour justifier son plan, il a besoin du soutien, voire la complicité du Roi Josaphat. (V 4) Jusque là tout parait quasi normal. Deux rois qui tentent de s’entendre pour mener une commune bataille, cela n’a rien d’étonnant. Mais, la suite est sidérante. Ces hommes ont besoin de l’endossement du ciel pour mener à bien leur projet, et c’est là que l’atmosphère devient surréaliste. Certains textes de la Bible, provoquent parfois, un étonnement tel quand on considère l’audace de certains personnages. Le projet est déjà bouclé, mais pour se donner bonne conscience, ces hommes se doivent de consulter l’Eternel. Cela fait penser à ces stratégies déjà tracées en privé, ou lors de réunions relevant du complot, mais qui pour leur légitimation ont besoin d’un vote de comité, d’un mot d’agrément, ouvrant la voie à toutes les actions, ou exactions possibles. Il faut donc consulter, les prophètes, ces « guerriers de la prière », sur qui repose la responsabilité du choix final. Le but de cette consultation est de découvrir la parole de l’Eternel. (v 5). Cette tentative est vraiment d’envergure et a l’apparence d’un référendum. Quatre cents prophètes sont invités à donner un avis. Unanimement la réponse à la question du roi, « monterai-je ? » est positive et encourageante. La victoire est promise sans condition, selon la « parole de l’Eternel ». Il est surprenant de constater que ce plébiscite, ne satisfait pas les deux dirigeants et particulièrement Josaphat, qui se demande si le groupe consulté est au complet. Plus étrange encore la réponse d’Achab. (V 8) : « Le roi d’Israël répondit à Josaphat: Il y a encore un homme par qui l’on pourrait consulter l’Eternel ; mais je le hais, car il ne me prophétise rien de bon, il ne prophétise que du mal : c’est Michée, fils de Jimla. Et Josaphat dit : Que le roi ne parle pas ainsi ! » Il convient de s’arrêter à cette déclaration ahurissante. Il existe encore quelqu’un, mais il ne jouit pas de l’estime du roi. Bien plus, il est haï par ce dernier, et cela fait la différence ! Quelle en est la raison ? Il ne dit rien de bon ! Serait-il un faux prophète ? Un bon prophète doit-il toujours dire des choses qui plaisent ? La suite de cette histoire révèle à quel point dans ce domaine, la classe dirigeante n’a fait aucun progrès malgré les enseignements pertinents qu’elle induit. Le fameux Michée est finalement cherché. Un émissaire royal va à sa rencontre et lui fait un chantage odieux. « 12 Tous les prophètes prophétisaient de même, en disant : Monte à Ramoth en Galaad ! Tu auras du succès, et l’Éternel (la) livrera entre les mains du roi. 13 Le messager qui était allé appeler Michée lui parla ainsi : Voici que les prophètes sont unanimes pour dire du bien au roi. Que ta parole s’accorde avec la leur : tu diras du bien ! 14 Michée répondit : L’Éternel est vivant ! Ce que l’Éternel me dira, je l’annoncerai. » Le souci de plaire et d’être reconnu et honoré n’a de barrière que la mort. La honte ne constitue pas en soi un garde-fou suffisant. En clair, il appelle Michée à cette conformité vertueuse et illusoire, qui apporte joie et sécurité. « Fais comme tout le monde et tu seras tranquille ! » C’est le discours des faux sages, qui une fois arrivés dans les couloirs marquent leur désaccord et fomentent des rébellions. Michée joue le jeu ! « 15 ¶ Lorsqu’il fut arrivé auprès du roi, le roi lui dit : Michée, irons– nous au combat contre Ramoth en Galaad ou devons–nous nous en abstenir ? Il lui répondit : Monte ! tu auras du succès et l’Éternel (la) livrera entre les mains du roi ! 16 Mais le roi lui dit : Combien de fois me faudra–t–il te faire jurer de ne me dire que la vérité au nom de l’Éternel ? » L’attitude du roi est vraiment incompréhensible. Michée lui dit ce qu’il veut entendre, mais il se fâche ! Il est traité de menteur, car pour une fois que sa position est harmonieuse, il dérange. Le roi le soupçonne de lui cacher la vérité. Quelle vérité pourrait être dite à quelqu’un qui a déjà pris sa décision ? La suite le montre bien. Non seulement le prophète véridique est frappé et maltraité, mais le roi écoute ceux qui l’encouragent à aller droit vers sa mort à cause de sa désobéissance. 1 Rois 22 : 17 – 22. Le zèle de Sédécias est un modèle du genre. Tout est permis aux serviteurs pourvu qu’ils défendent les intérêts du dirigeant. Quel aveuglement ! Certains demeurent solidaires jusqu’au jour où leurs intérêts sont menacés. Alors leurs yeux s’ouvrent, car ils se sentent attaqués et leur sécurité étant compromise, ils sont prêts à pactiser avec tous ceux dont la lucidité était devenue suspecte. « 24 Alors Sédécias, fils de Kenaana, s’approcha, frappa Michée sur la joue et dit : Par où l’Esprit de l’Éternel est–il sorti de moi pour te parler ? 25 Michée répondit : Tu le verras bien le jour où tu iras de chambre en chambre pour te cacher. 26 Le roi d’Israël dit : Prends Michée et emmène–le vers Amôn, chef de la ville, et vers Joas, fils du roi. 27 Tu diras : Ainsi parle le roi : Mettez cet homme en prison et ne lui donnez que la portion congrue de pain et d’eau, jusqu’à ce que je revienne en paix. 28 Michée dit : Si tu retournes vraiment en paix, l’Éternel n’a point parlé par moi. Il dit encore : Écoutez, vous tous, peuples ! » La fin de cette triste histoire est pleine de précieux enseignements. La défaite du peuple est cuisante, mais le plus triste de l’histoire, c’est la façon tout à fait accidentelle et à la fois providentielle, dont décède Achab, le roi d’Israël. 1 Rois 22 : 29 – 38. Quelles leçons tirer de cette triste histoire, si ressemblante de certaines situations bien connues en certains endroits de la planète adventiste ? C’est comme un miroir de ces régimes ecclésiastiques, inspirés de la dictature et du pontificat. 1. L’ambition est aveugle. - Elle se nourrit de projets collectifs apparemment légitimes, mais sert des intérêts personnels. Récupérer des terres, semblait naturel, mais dans quel but ? 2. Les alliances ne sont pas toujours bonnes. – Josaphat et Achab, n’étaient pas des amis. Ils dirigeaient chacun une fraction du peuple et plusieurs tentatives de guerres avaient échoué, soit parce que l’Eternel le décourageait, soit parce que les enjeux n’étaient pas toujours clairs. Les défaites qui avaient résulté de certains affrontements, n’avaient fait qu’augmenter l’animosité entre ces deux factions. Mais cette fois, l’alliance se justifiait contre un ennemi commun. Pourtant le projet était contraire à la volonté de l’Eternel. 3. La vérité déplait toujours. - Quand on est habitué à dire la vérité, le mensonge sortant de votre bouche, devient suspect. Michée était listé parmi les prophètes de malheur, parce qu’il disait toujours la vérité. Achab le savait et le tenait à l’écart. 4. La peur du châtiment conduit toujours à l’opprobre. – Tous les prophètes à la solde du roi étaient des mercenaires tirant leur subsistance de la crédulité bienveillante d’Achab. Ils étaient prêts à frapper, à tuer même pour défendre leurs intérêts. Le syndicat des prophètes fonctionnait dans la terreur. La tendance à la pétition, aux dénonciations pieuses, aux lettres hypocrites tendant à faire croire à la main ouverte et tendue, masquaient mal leur envie de frapper. Michée, sans ordre spécifique a reçu en public la gifle d’un de ses collègues, simplement parce qu’il disait la vérité ! 5. Enfin, le châtiment de Dieu atteint toujours sa cible, même quand on se cache. – Achab entièrement déguisé et méconnaissable, a été atteint d’une flèche tiré au hasard, à la faiblesse de son armure. Ceci donne froid dans le dos !
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